17 janvier 2022

L’Italie comme précurseur de l’ouverture à la concurrence sur le marché du transport terrestre

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Quentin Saboureau

Mis à jour le 25 janvier 2022

Tandis que la France a récemment ouvert son marché ferroviaire à la concurrence, les trains à grande vitesse “Frecciarossa” de la compagnie italienne Thello, filiale de Trenitalia, circulent d’ores et déjà sur les rails français.

On peut voyager sur la ligne Paris-Milan, en passants par Lyon, Chambéry ou encore Turin. 

Depuis 2012, la péninsule peut se vanter de son statut de pionnière en matière d’ouverture à la concurrence notamment sur le marché ferroviaire mais également du bus.

Décryptage !  

Le pays transalpin voit deux compagnies de train se partager l’essentiel de l’activité

Depuis 2012, la compagnie nationale détenue par Ferrovie dello Stato (FS), Trenitalia, doit en effet affronter un challenger sur le marché de la grande vitesse.

C’est l’arrivée de l’opérateur privé NTV (Nuovo Trasporto Viaggiatori) qui se lance dans l’aventure en créant “Italo”. 

Afin de se différencier des services de Trenitalia et pour le plus grand bonheur des utilisateurs, Italo a tout misé sur son design, le confort et pris soin de proposer des services à bord qui redonnent goût au voyage.

Ces trains se déclinent en trois classes qui varient sous trois niveaux de prix  : 

  • Smart (économique) : permet de visualiser des films sur les écrans installés au plafond de l’allée centrale,
  • Prima (business) : Wi Fi gratuite, dotée d’une cuisine et donc d’un service de restauration de qualité,
  • Club (première) : sièges en cuir, vestiaires et petits salons pour les réunions,

Italo : le bel exemple mais non sans mal 

Italo a été soutenu dès ses débuts par plusieurs investisseurs comme le géant bancaire Intesa Sanpaolo, l’assureur Generali ou encore des hommes d’affaires italiens.

Cependant, l’aide financière de SNCF Participations (société d’investissement de la SNCF) n’a pas eu les effets escomptés.

Son dirigeant de l’époque, Guillaume Pepy, déclarait vouloir participer au développement du trafic européen de la grande vitesse en possédant 20% du capital de NTV dès 2008.

Pourtant, avant de voir sa rentabilité augmenter et une première augmentation de capital en 2013, Italo a connu des débuts difficiles et a failli dérailler.

En plus des problèmes de rivalité avec l’acteur historique du marché, le jeune Italo aurait pu mettre la clé sous la porte suite à des résultats négatifs pendant plusieurs années. 

Ce bilan déficitaire pousse le géant ferroviaire français, actionnaire jusqu’alors, à quitter le train en marche.

Tout cela peu de temps avant le rachat du fonds d’investissement américain Global Infrastructure Partners en 2015 pour 2 milliards d’euros.

La compagnie ferroviaire Italotreno a alors réalisé des premiers bénéfices en 2016 puis en 2017 à hauteur de 155 millions d’euros pour 12,8 millions de passagers.

Ces bénéfices se traduisent par une hausse de 25% du chiffre d’affaires par rapport à 2016. 

Ces bons résultats ont permis à Italo d’agrandir son parc ferroviaire et d’atteindre 35% de part de marché en 2018. 

Forte de son ambition, la compagnie compte bien profiter de la libéralisation du rail européen pour marcher sur les plates bandes de ses voisins. 

Une compétition qui profite aux voyageurs 

L’arrivée d’Italo sur le marché ferroviaire italien a ainsi permis de combler la moindre fréquence de trains et de proposer des offres alléchantes en adoptant une stratégie dite “low cost”. 

Cette bataille de prix a immédiatement obligé la “SNCF italienne” à repenser son offre Grandes Lignes se traduisant par une baisse de ses tarifs et une amélioration de son service, offrant ainsi aux voyageurs :

  • Une baisse des prix estimée à 30%,
  • Un confort amélioré : classe affaire avec accès à des salons privatifs pour des réunions, sièges ergonomiques, 
  • Un choix plus large pour les horaires et destinations,  

L’opérateur emblématique a également modernisé sa flotte et propose désormais 3 gammes de services.

Les trains régionaux « Frecciabianca » (flèche blanche) circulent en dehors des lignes à grandes vitesse pour desservir des moyennes et grandes villes, pouvant atteindre 200 km/h :

train régional Italo Frecciabianca
Frecciabianca

Il existe également les trains pendulaires « Frecciargento » (flèche d’argent), qui s’inclinent pour compenser la force centrifuge. Ils peuvent atteindre 250 km/h et desservent une gamme de destinations importante :

train pendulaire italo Frecciargento
Frecciargento

Sans oublier les trains à grande vitesse « Frecciarossa » (flèche rouge) qui assurent les liaisons entre les grandes villes avec du vitesse de pointe de 300 km/h :

tgv italo Frecciarossa
Frecciarossa

“L’ouverture à la concurrence, dès l’instant où elle a été régulée, a été une belle expérience qui a permis d’augmenter la fréquentation des trains, sans danger pour la sécurité »

Dario Balotta, Président de l’Observatoire national italien sur la libéralisation et les transports

En plus du secteur ferroviaire, l’ouverture à la concurrence s’est révélée bénéfique pour le marché du bus italien.  

Un marché du transport par autocar en plein essor

Le marché du bus italien qui n’a pas fait exception avec sa libéralisation en 2014, un an avant la Loi Macron en France, ne cesse de croître.

Selon les rapports publiés par l’autorité de régulation italienne des transports (ART), le chiffre d’affaires global des opérateurs aurait en effet plus que doublé en 7 ans.

Cela est dû notamment à une forte augmentation des déplacements sur moyenne et longue distance en autocar à travers le pays. 

Un succès qui s’explique en grande partie par un accès au train limité dans les villes excentrées des grands centres urbains et lieux touristiques italiens, favorisant donc une généralisation des déplacements en autocar dans ces régions. 

Une caractéristique du marché italien sur laquelle les deux grands acteurs ferroviaires, à savoir FS et NTV, se sont appuyés pour lancer dès 2016 leurs propres lignes routières : Freccialink et Italobus.

Des solutions intermodales, permettant désormais aux passagers d’associer un voyage en train en correspondance avec un trajet en car.

Selon l’ART, les principales compagnies qui se partagent le marché :

  • les bus Baltour : leader du marché 
  • la compagnie italienne Marinobus (fondée en 1957),
  • le géant allemand Flixbus.
  • Busitalia, filiale du groupe Ferrovie dello Stato (FS).

La “SNCF italienne” affiche de grandes ambitions 

La société italienne souhaite s’affirmer sur le marché européen de mobilité intégrée (itinéraire multimodal), avec l’acquisition de sociétés d’autocars des pays voisins telle que l’opérateur hollandais Qbuzz en 2018.

La compagnie nationale détenue par Ferrovie dello Stato prévoit dans son plan industriel que Busitalia représentera, d’ici à 2026, un quart du marché du transport public italien. 

Une ambition qui se vérifie depuis 2010 avec l’implémentation de Thello reliant l’Italie et la France.

Et plus récemment depuis 2018 avec la connexion des bus Baltour aux opérateurs européens comme Flixbus pour offrir un réseau avec davantage de connexions.

Autant d’offres de transports variées que Tictactrip souhaite intégrer à sa plateforme à partir de 2022 pour proposer à ses utilisateurs la possibilité de combiner plusieurs moyens de transport entre la France et l’Italie. 


Acteurs du marché du transport terrestre franco-italien ?

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Pour plus d’informations : Contactez Nicolas Messager | nicolas.messager@tictactrip.eu

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